Eficiens x Astorya : L'assurance en effervescence, le baromètre ! - Edition février 2022

Eficiens x Astorya : L'assurance en effervescence, le baromètre ! - Edition février 2022

Alexandre Pengloan
Rédigé par Alexandre Pengloan
08 février 2022 - 5 minutes

Tout va actuellement extrêmement très vite dans le microcosme de l’assurance, et le rythme s’accélère encore en ce début d’année ! Afin de suivre au plus près cette révolution, nous avons fait appel à l’œil de Florian Graillot et des experts d’Astorya. Nous sommes ainsi heureux de vous présenter la 4e édition de notre rendez-vous mensuel : « L’assurance en effervescence, le baromètre ! »

L’œil du VC Florian Graillot

Il n’y a pas que les licornes dans la vie ! Aux quatre coins de l’Europe, il se passe beaucoup de choses dans le petit monde du seed, et c’est aussi là que se dessinent les tendances de l’assurance du futur !

Les levées de fonds ont brutalement décollé en 2021 dans l’insurtech. Ces deals à neuf chiffres, qui propulsent le secteur dans une nouvelle dimension, ont sans surprise vampirisé l’attention des observateurs. Et aujourd’hui, il devient difficile d’être relayé par TechCrunch et cie si on lève seulement 1 ou 2 millions d’euros ! Pour autant, on aurait tort de ne pas regarder ce monde du seed où se façonne l’assurance de demain.

En 2021, ce sont au total 53M€ qui ont été levés en phase d’amorçage (opération de moins de 3M€) à travers 35 deals. Et si les fonds captés à ce stade sont moins importants que l’année précédente (- 12 points), une dynamique est bien en place et met en lumière la dimension paneuropéenne de l’insurtech. Ainsi, près de la moitié des levées (49%) ont été effectuées dans des pays extérieurs au trio Allemagne / Grande-Bretagne / France. Mentions spéciales à l’Espagne (5 deals) et la Suisse (3 deals) qui se montrent particulièrement actives dans l’écosystème.

A l’inverse de l’Allemagne, où le géant wefox a aimanté la quasi totalité des fonds avec sa levée mammouth, ne laissant même pas de miettes aux autres, la France s’est montrée plus dynamique (14% des deals en seed au niveau continental). Avec Datafolio, mySofie, FASST ou Lyanne, l’insurtech hexagonale est bien représentée avec une diversité intéressante sur la chaîne de valeur.

Enfin, au niveau des segments, une vraie tendance de fond émerge : la santé. Dans le sillage d’une sphère e-santé bouillonnante au niveau mondial, les initiatives se multiplient et suscitent l’intérêt des investisseurs. Un virage vers une santé toujours plus digitale et connectée est observable, et les frontières avec l’assurance se font de plus en plus ténues. Restez bien en alerte : les futurs Oscar ou Alan se trouvent peut-être juste sous vos yeux !

La startup du mois : Claims Carbon

Le changement climatique, voici un sujet qui interpelle de plus en plus le monde de l’assurance ! Face à ce défi du siècle, les assureurs sont, il faut le dire, directement concernés, en plus d’avoir un rôle de locomotive à endosser. C’est dans cette dynamique que s’inscrit le projet de Claims Carbon, avec une promesse : aider les acteurs du secteur à réduire leur empreinte carbone.

Objectif « zéro émission à l’horizon 2040 pour l’assurance », voici l’ambition de la startup suédoise. L’insurtech a dans cette optique développé un logiciel SaaS qui permet aux assureurs de mesurer les émissions de CO2 liées à la gestion de sinistre. Les données des sinistres (auto pour le moment) sont récupérées et compilées pour calculer les émissions et trouver des stratégies afin de les réduire. A date, Claims Carbon est en PoC avec un gros assureur scandinave.

Le « game changer » : les insurtechs américaines se cassent les dents en Bourse, quelles conséquences sur l’écosystème européen ?

Tout peut aller très vite dans le monde de l’innovation… et dans les deux sens ! Ce ne sont pas les pépites de l’insurtech américaine qui diront le contraire. En effet, l’effervescence des premières IPO qui remontent à un peu plus d’un an semble appartenir, déjà, à un lointain passé. Depuis, tout ne s’est pas passé comme prévu. Metromile a déraillé, Oscar est en chute libre, Root et Hippo à la cave (sous les 2$) et même Lemonade se trouve en difficulté. Alors que son action avait atteint plus de 160$, elle est aujourd’hui négociée en-deçà de son prix d’introduction (28$).

Quelles conclusions en tirer ? Précisons, déjà, que l’on parle ici de néoassureurs et pas d’enablers. Clairement, le marché se pose des questions. Il n’est ici pas question de remettre en cause la pertinence de l’insurtech, mais plus de sonder la valeur réelle de ces entreprises. Font-elles de la tech ou avant tout de l’assurance ? Il semblerait que le cours de la Bourse penche actuellement en faveur de la deuxième option.

Ces difficultés ne sont pas neutres et l’onde de choc devrait avoir des conséquences en Europe également. Au moment de l’euphorie, il était tentant de vendre une sortie par le haut avec introduction en Bourse aux investisseurs pour les convaincre. Aujourd’hui, la donne a clairement changé. Une insurtech comme Kin vient d’ailleurs de faire marche arrière en renonçant à son projet de SPAC. Les prochains mois devraient être animés et riches en enseignements sur ce sujet !

Les principales levées du mois dernier en Europe

Après un millésime 2021 historique à plus d’un égard, 2022 connaît un début prometteur dans l’insurtech européenne ! Et c’est la pépite française Descartes Underwriting qui donne le ton de cette année. L’entreprise spécialiste du paramétrique vient, en effet, d’annoncer une levée de plus de 100 millions d’euros pour appuyer une ambition à dimension internationale.

Parmi les autres deals marquants de janvier, mentionnons Laka. La startup britannique a levé plus de 10 millions d’euros pour s’imposer sur le terrain de la e-mobilité, ou tout est à faire ou presque aujourd’hui. Dans nos contrées, Unkle réalise également une belle opération pour assouvir son projet de réinventer l’approche autour de l’immobilier. Enfin, Indeez, une autre jolie promesse tricolore, a aimanté plus de 8 millions d’euros pour élargir les horizons de son offre à destination des travailleurs indépendants.