Eficiens x Astorya : L'assurance en effervescence, le baromètre ! - Edition octobre 2022

Eficiens x Astorya : L'assurance en effervescence, le baromètre ! - Edition octobre 2022

Alexandre Pengloan
Rédigé par Alexandre Pengloan
13 octobre 2022 - 5 minutes

Tout va actuellement extrêmement très vite dans le microcosme de l’assurance, et le rythme s’accélère encore en 2022 ! Afin de suivre au plus près cette révolution, nous avons fait appel à l’œil de Florian Graillot et des experts d’Astorya. Nous sommes ainsi heureux de vous présenter la 12e édition de notre rendez-vous mensuel : « L’assurance en effervescence, le baromètre ! »

L’œil du VC Florian Graillot

Un triumvirat ? Quel triumvirat ? Le temps où le trio France – Allemagne – Royaume-Uni faisait à lui seul l’insurtech en Europe est révolu. En 2022, plus d’un tiers des levées ont lieu ailleurs et nous attirons votre attention sur ces écosystèmes porteurs de belles promesses.

La vague insurtech prend une coloration de plus en plus cosmopolite ! C’est incontestablement l’un des enseignements du millésime 2022. Les chiffres parlent d’eux-mêmes. Cette année, c’est ainsi plus d’un deal sur trois qui se matérialise dans d’autres pays que ceux du trio France – Allemagne – Royaume-Uni. On était à 33% cet été, et 34% fin septembre. A titre de comparaison, le pourcentage était de 31% en 2021, 28% en 2020 et 22% en 2019.

Cette tendance s’ancre, donc, et il n’y a rien d’étonnant à cela. En effet, dans un contexte économique tendu, les insurtechs arrivant à un certain stade de maturité (Série C et plus) éprouvent plus de difficultés à capter de très grosses sommes. L’argent se dilue et les investisseurs en profitent pour se diversifier sur des projets moins avancés. Par ailleurs, la dynamique dans ces écosystèmes suit celle de la scène startup en général. Ils ont pris le train après les trois premiers de cordée, mais arrivent aujourd’hui à un stade qui leur permet de réaliser des opérations tout sauf anecdotiques.

Il est donc extrêmement important, voire même essentiel, d’ouvrir les yeux. De bonnes idées émergent aux quatre coins du Vieux continent. Autre tendance intéressante, ces insurtechs adressent un spectre très varié de sujets : du B2C aux outils pour les courtiers, en passant par l’embedded ou les nouveaux risques, il y en a clairement pour tous les goûts !

On attirera ici votre attention sur trois zones géographiques :

  • L’Europe du Sud avec l’Espagne et l’Italie. Le pays de Cervantes, on vous en parlait dans un panorama il y a quelques mois, s’impose clairement comme la 4e force en Europe. Avec des pépites comme Bdeo, Wenalyse, Weecover, Vitaance ou Cleverea qui valent clairement le détour. Quant à notre voisin transalpin, il se réveille en 2022.  Wallife, InsooreBeSafe, Wopta et Vitesicure ont séduit les investisseurs et animent un marché qui ne laisse pas insensible. Une insurtech française comme +Simple a d’ailleurs bien flairé le coup !
  • L’Europe de l’Est. L’Estonie, réputée pour sa culture digitale, propulse sur la scène des projets comme Cachet ou DriveX. Boleron en Bulgarie ou FintechOS, insurtech d’origine roumaine qui vient de nouer un partenariat avec Admiral, sont d’autres bons exemples.
  • L’Europe du Nord. Et l’on pense tout particulièrement à la Suède avec déjà plusieurs Séries A évoquées dans nos colonnes : Hedvig, Insurely ou Lassie.

La startup du mois : Boont

On vous parlait plus haut de la diversité dans l’insurtech. Voici un autre bel exemple avec Boont, jeune startup originaire de Croatie. Sa proposition ? Inventer l’assurance 3.0 en libérant le pouvoir de la blockchain ! Un positionnement audacieux, qui fera sourire les détracteurs de la technologie, récemment confortés par l’échec cuisant de B3i. Et pourtant…

Le projet paraît certes, très prospectif, avec une roadmap dessinée jusque 2025 et beaucoup d’idées au même endroit. Néanmoins, l’émergence du phénomène crypto, les questionnements autour du métavers et le basculement de notre monde dans un environnement de plus en plus digital sont des sujets que l’on ne peut éluder. Boont parviendra-t-elle à craquer le code de la blockchain et à trouver de vrais cas d’usage dans l’assurance ? On ne s’aventurera pas à avancer une réponse, mais nous garderons l’œil bien ouvert sur cette initiative.

Le « game changer » : Allianz met le grappin sur une insurtech. Le début d’une vague de M&A dans le secteur ?

Voici une information loin d’être passée inaperçue en ce début d’automne. Allianz, par l’intermédiaire de sa branche Allianz X, vient de racheter simplesurance à 100%. simplesurance, pour rappel, est une insurtech pionnière en Allemagne, ayant d’abord proposé des services aux courtiers avant de se muer en spécialiste de l’embedded. Ce mouvement serait-il un signal fort, celui du début d’une vague d’acquisitions de startups par les grands groupes d’assurance ?

Concrètement, Allianz a ici acheté de la tuyauterie de luxe. La technologie, et l’infrastructure, prennent une dimension stratégique fondamentale pour les assureurs aujourd’hui. Il leur faut dorénavant agir, et aller vite sur ce terrain. D’où l’idée d’internaliser et de ne plus recourir à des tiers si l’occasion se présente. Le géant allemand vient en outre de confirmer qu’il ne comptait pas s’arrêter là. Dans la foulée, il a en effet annoncé son intention de racheter Innovation Group, une insurtech anglaise. Les grandes manœuvres ne font que commencer !

Les principales levées du mois dernier en Europe

Après un mois d’août logiquement plus calme, la dynamique des levées de fonds a bien repris au moment de la rentrée. ottonova a réalisé le deal le plus important de la période en aimantant 34 millions d’euros. Opération à nuancer, toutefois. L’insurtech allemande envisageait en effet une levée à neuf chiffres cette fois et va devoir revoir ses ambitions à la baisse dans les mois à venir.

En France, Atekka a refait parler d’elle avec une jolie levée de fonds de 4,9 millions d’euros. L’insurtech de l’année 2021 va pouvoir développer ses solutions paramétriques pour venir appuyer un monde agricole dont les besoins sont évidemment grandissants face au dérèglement climatique.

Outre-Rhin, Hakuna a capté 4 millions d’euros avec l’appui notable de Earlybird. Ce projet sonne comme un révélateur intéressant pour le modèle embedded ! Enfin, Boleron, sorte de Lovys-like – insurtech multi-produits dès le départ -, a séduit les investisseurs qui ont injecté plus de 2 millions d’euros dans la jeune pousse bulgare.