Eficiens x Astorya : L'assurance en effervescence, le baromètre ! - Edition avril 2023

Eficiens x Astorya : L'assurance en effervescence, le baromètre ! - Edition avril 2023

Alexandre Pengloan
Rédigé par Alexandre Pengloan
07 avril 2023 - 6 minutes

Ça bouge dans le microcosme de l’assurance ! Et l’innovation aux multiples visages est encore au cœur des enjeux en 2023. Afin d’analyser les tendances de fond, nous faisons appel à l’œil de Florian Graillot et aux experts d’Astorya pour vous concocter un contenu désormais incontournable : « L’assurance en effervescence, le baromètre ! »

L’œil du VC Florian Graillot

Vade retro, insurtech ? Alors que le secteur a été particulièrement secoué en 2022, on peut légitimement se poser la question de l’attitude des VC généralistes à son égard. Pourtant, malgré les difficultés, plusieurs signaux nous indiquent qu’ils sont loin d’avoir lâché l’affaire !

Florian Graillot

On ne vous apprend rien, et nous en avons déjà longuement parlé dans nos colonnes : l’insurtech a traversé une forte tempête en 2022. Parmi les principales conséquences du retournement économique, des valorisations en chute libre, un questionnement sur les modèles et des investisseurs, très logiquement, bien plus frileux.

Le début d’année 2023 vient confirmer la tendance, avec une activité en berne sur les levées de fonds. Doit-on dès lors envisager la fuite des VC généralistes ? Non, au contraire ! Mais pour bien comprendre la tendance actuelle, il faut l’inscrire dans un panorama plus large.

Au début, les investisseurs ne regardaient pas vraiment l’insurtech. Trop petite, et définitivement pas assez sexy en comparaison de la fintech – on parle toujours d’assurance, rappelez-vous ! Puis est arrivé le phénomène Lemonade. Le discours offensif des fondateurs couplé à une entrée en Bourse en fanfare, qui en a inspiré d’autres, ont propulsé la petite reine new-yorkaise et ses consœurs en pleine lumière. Un tournant puisqu’à partir de ce moment, tous les fonds voulaient cocher la case « insurtech » dans leur portefeuille.

A l’effervescence a succédé le retour sur terre, brutal. L’intérêt ne s’est toutefois pas évaporé. Plus précisément, il a simplement évolué. Pour preuve, plusieurs VC généralistes viennent de publier leur thèse sur le sujet. On peut citer Costanoa et Equal Ventures aux États-Unis, Augmentum pour le UK ou Daphni en France. Ce que l’on peut en retenir ? Une troisième vague se dessine, caractérisée par des analyses aujourd’hui plus matures.

Actuellement, on met en effet l’accent sur des sujets de niche (cyber, climat, tech pour les agents, etc.), et des concepts techniques, comme le portage de risque ou la rentabilité. C’est à un véritable changement de paradigme auquel on assiste dans le monde de l’investissement, en somme ! L’intérêt s’est déporté et le paysage de la sphère insurtech, dans sa globalité, pourrait se trouver transformer. Dans lequel le B2B prendra le pas sur le B2C ? Affaire à suivre, de près !

La startup du mois : MedSmart

Récemment sortie du bois avec l’annonce de sa levée de fonds de 1,1 million d’euros, MedSmart est une startup qui nous a tapé dans l’œil. L’insurtech adresse en effet un problème de fond, sur un marché large et en croissance : les prestations de santé non remboursées par l’assurance maladie.

Le digital vient ici fluidifier les process de remboursement, souvent obsolètes en raison de parcours ou applications mal ficelés. Mais ce n’est pas tout… et peut-être, au final, pas le bénéfice premier de la solution imaginée par la jeune pousse parisienne.

En effet, MedSmart apporte également une réponse au problème de la fraude, que l’on retrouve souvent sur ce type de prestations. Comment ? Tous les praticiens utilisant le software sont vérifiés et validés par l’insurtech. L’organisme de complémentaire santé qui reçoit une facture avec la mention MedSmart peut donc déjà être rassuré sur ce point.

C’est ici fondamental car la méfiance des complémentaires et mutuelles demeure réelle. Si le sujet fraude est débloqué, alors, de nombreux assureurs seront capables d’aller sur du remboursement rapide, ce qui n’est pas le cas aujourd’hui. MedSmart se veut donc la cheville ouvrière d’un cercle vertueux qui bénéficiera aux assureurs, aux pros de santé et aux assurés. Malin et ambitieux !

Le « game changer » : l’assurance et le phénomène ChatGPT : simple hype ou séisme en vue ?

Vous n’avez pu y échapper. Plus un jour sans que l’on parle du fameux ChatGPT, et plus largement des IA génératives. Au menu, un buzz énorme, des chiffres qui brûlent les yeux – jusqu’à 50% des tâches effectuées par des humains dans l’assurance pourraient être remplacées par l’intelligence artificielle – et la promesse d’une révolution qui va toucher tous les maillons de la chaîne de valeur.

Comme toujours avec ces nouvelles technologies, il convient de prendre un peu de recul. Il y a, en effet, toujours une large part part de fantasme dans les analyses. Concentrons-nous donc, déjà, sur le concret. Car oui, plusieurs assureurs ont déjà enclenché des expérimentations. On pense notamment aux assureurs suisses Zurich et Helvetia, ou à l’insurtech chinoise Waterdrop.

Les cas d’usage explorés par ces acteurs sont relativement similaires. Ils concernent la relation client, avec la tentative d’élaborer un chatbot qui apporterait – enfin ! – une valeur ajoutée tangible. Voici l’utilisation qui semble, d’emblée, la plus évidente des IA génératives dans l’assurance. Que ce soit côté selfcare, bien sûr, mais aussi pour appuyer efficacement les professionnels et les aider à devenir des conseillers augmentés.

Nous ne sommes qu’au début de l’histoire, tout reste à écrire et imaginer… mais ça peu aller très vite. Une chose semble certaine, la révolution de l’intelligence artificielle, déjà sur les rails, va profondément impacter plusieurs métiers du secteur. On vous aura prévenus !

Comme toujours, il y aura des initiatives liées au métier (optimisation des process, fraude, réglementaire, etc.) et des initiatives tournées vers le client. Par exemple, les points de contact sont nombreux en assurance santé. On peut donc imaginer des actions automatisables à l’échelle, des analyses de devis, une FAQ augmentée… Il y a beaucoup d’usages à imaginer. Cela met-il en danger les call centers ou agents / courtiers qui sont là pour informer sur du basique ? Ces métiers sont déjà impactés par le digital, mais là on va aller encore plus loin !

Francis Mahut, Dirigeant d’Eficiens

Les principales levées du mois dernier en Europe

Insurtech 04 23 Astorya

Du côté des levées de fonds, le mois de mars s’est révélé calme, et c’est un doux euphémisme ! Seulement trois opérations répertoriées au total à travers tout le Vieux Continent, pour un montant de 31 millions d’euros. A noter néanmoins que deux de ces deals ont été opérés en France.

Sur la plus haute marche du podium, on trouve Hedvig. L’insurtech suédoise a aimanté 29 millions d’euros, mais attention à bien lire cette levée. En effet, la startup change de direction, en révisant ses ambitions à la baisse tout en annonçant des modifications au niveau du board. Problème de traction ? Hedvig a dévoilé quelques chiffres, annonçant avoir conquis 130 000 clients en 3 ans. A titre de comparaison, Leocare en a capté 150 000 en 2 ans, même si la taille des marchés est différente.

Dans nos contrées, Koala dévoile de son côté une levée de 2 millions d’euros. La jeune entreprise, spécialisée dans l’assurance voyage, annonce en parallèle être rentable, et veut désormais se projeter dans de nouveaux pays.

Enfin, c’est un nom bien connu de l’écosystème, Testamento, qui reçoit du renfort, de la part de la Macif. L’assureur devient actionnaire minoritaire de l’insurtech et va l’aider à poursuivre sa mission d’aider les individus à mieux préparer l’après grâce au digital.

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