Eficiens x Astorya : L'assurance en effervescence, le baromètre ! - Edition décembre 2022

Eficiens x Astorya : L'assurance en effervescence, le baromètre ! - Edition décembre 2022

Alexandre Pengloan
Rédigé par Alexandre Pengloan
09 décembre 2022 - 6 minutes

Tout va actuellement extrêmement très vite dans le microcosme de l’assurance, et le rythme s’accélère encore en 2022 ! Afin de suivre au plus près cette révolution, nous avons fait appel à l’œil de Florian Graillot et des experts d’Astorya. Nous sommes ainsi heureux de vous présenter la 13e édition de notre rendez-vous mensuel : « L’assurance en effervescence, le baromètre ! »

L’œil du VC Florian Graillot

Back to basics ! Dans un contexte tendu, le salut passera par la maîtrise des fondamentaux techniques pour les insurtechs. Attention, l’assurance, ce n’est pas de la magie !

2022 a provoqué un brutal changement de paradigme dans l’insurtech. Après avoir vécu des mois à contempler des acteurs lancés dans une course effrénée à la plus grosse levée, nous avons assisté à un brutal retour sur terre. Cette année, un nouveau mot revient avec insistance dans l’écosystème : la rentabilité. On perçoit d’ailleurs un soupçon d’urgence et d’inquiétude à son évocation. Mais de quoi parle-t-on exactement ?

Lorsque l’on évoque les insurtechs, et plus généralement les startups, il faut distinguer différents niveaux de rentabilité. On peut l’imager comme une fusée à trois étages :

  • la rentabilité générale d’exploitation de l’entreprise, incluant tous les coûts directs et indirects ;
  • la rentabilité pour chaque client gagné (notamment dans un contexte d’hyper croissance) lié au coût d’acquisition. Car ne l’oublions pas, si je perds à l’unité, je ne me rattraperai jamais sur le volume ! ;
  • enfin, ce qui est très spécifique à l’assurance, la rentabilité technique ou ratio combiné. Je ne peux verser plus que je ne touche de primes si je veux réussir à terme !

Parler de rentabilité, dans une sphère où bien des valorisations sont décorrélées de toute réalité, est aujourd’hui essentiel. Ne nous trompons toutefois pas de focus et évitons de nous concentrer sur le haut. En effet, pour une startup, l’objectif, c’est de croître, et vite idéalement. Pour se démarquer, il faut développer un asset technologique disruptif et pour cela, il convient de dépenser de l’argent ! Une jeune pousse early stage n’a donc aucunement vocation à être tout de suite rentable, les VC sont là pour cela.

Sur le deuxième étage, la croissance doit être rentable, cela paraît évident. Ne pas maîtriser ses coûts d’acquisition, c’est risquer un destin à la Metromile, tout simplement. Enfin, la question de la rentabilité technique, longtemps laissée de côté, nous interpelle tout particulièrement.

Alors que tous les indicateurs financiers se tendent, les ratios se dégradent chez de nombreux assureurs. D’Alan à Lemonade, en passant par Tesla, tous envisagent une augmentation des primes. L’année à venir pourrait se révéler particulièrement tumultueuse dans l’insurtech. Dans ce contexte, le sujet de l’underwriting devient clé. Il faut impérativement maîtriser la technique et être en mesure de vendre des produits de manière rentable pour exister sur le long terme. L’heure est clairement à un retour aux fondamentaux, ne le perdez pas de vue !

La startup du mois : Panda

La niche « Pet Insurance » suscite décidément les vocations dans cette période post-Covid. Lancée fin 2021, Panda aspire à devenir la référence sur le sujet en Allemagne. Aucun acteur spécialiste n’était jusqu’alors identifié sur le marché, et c’est donc un potentiel boulevard qui s’ouvre devant la jeune insurtech berlinoise.

A l’origine de Panda, on trouve un Français, Jean-François Diet. Après avoir travaillé de longues années au sein du groupe Generali, il s’est lancé dans l’aventure entrepreneuriale l’an passé, et a peut-être flairé le bon filon. En effet, les levées de fonds réalisées en 2022 par Dalma, Lassie ou plus récemment Napo prouvent que l’assurance animaux de cie attirent les investisseurs.

Pour s’imposer, Panda mise évidemment sur le digital, avec par exemple un service de téléconsultation, et une approche en écosystème. D’ailleurs, la jeune pousse collabore déjà avec ELEMENT. Elle met en outre un point d’honneur à soutenir l’environnement, en s’engageant à reverser 3% de son chiffre d’affaires annuel à des projets de préservation de la planète. Tous les ingrédients semblent donc en place pour un beau succès !

Le « game changer » : l’embedded, solution ultime à la digitalisation de l’assurance ?

Embedded. Voici clairement LE buzzword dans l’insurtech en 2022. L’enthousiasme est palpable autour du modèle et de son immense potentiel. De bolttech à Cover Genius, en passant par Neat ou Evy, les levées de fonds s’enchaînent. Il apparaît en effet comme une alternative particulièrement pertinente à l’heure où la distribution soulève de sérieuses questions, et toutes les lignes business sont concernées.

Embea est un exemple particulièrement édifiant. L’insurtech allemande, qui vient de faire son apparition dans le paysage, propose de la prévoyance via le modèle embarqué. L’embedded vient ici au secours d’un produit historiquement complexe à placer, eu égard à sa nature potentiellement anxiogène en particulier.

La composition de l’équipe retient également notre attention. Le CEO et fondateur, Johannes Becher, avait essayé de vendre de la prévoyance en direct avec sa précédente insurtech, Getsurance. On note également la récente arrivée d’Eloi Lanthiez, après une expérience similaire chez Mutumutu.

De manière générale, vendre de l’assurance en direct n’a rien de simple. Le marché se questionne d’ailleurs sérieusement la valorisation de plusieurs acteurs B2C, et un Luko a fait chou blanc dans sa tentative d’aimanter des fonds cette année. Et si l’on voyait, finalement, l’embedded comme la réponse ultime à la digitalisation de l’assurance ?

Les principales levées du mois dernier en Europe

levées insurtech novembre 2022

L’insurtech européenne entretient une belle dynamique en cette fin d’année. Au mois de novembre, elle a ainsi enregistré 8 deals, pour un joli total de 66 millions d’euros.

Aux avant-postes, on trouve Napo qui est une belle surprise avec un tour à 17 millions d’euros. La Pet Insurance fondée par deux Frenchies à Londres a su séduire les investisseurs avec son approche originale, malgré la présence du géant ManyPets outre-Manche. Aux Pays-Bas, Eye a aimanté la même somme pour appuyer son ambition holistique autour de la prévention et de l’assurance du risque cyber.

L’Allemande Omnius complète le podium. La startup berlinoise a capté 12 millions d’euros pour développer sa plateforme digitale de gestion de sinistre, un must pour tous les assureurs à l’ère digitale. Enfin, on trouve Habit et ses 5 millions d’euros dans ce palmarès mensuel. Une première présence pour une insurtech du Portugal cette année, qui nous prouve encore la dimension de plus en plus cosmopolite du phénomène !