Eficiens x Astorya : L'assurance en effervescence, le baromètre ! - Edition mai 2023

Eficiens x Astorya : L'assurance en effervescence, le baromètre ! - Edition mai 2023

Alexandre Pengloan
Rédigé par Alexandre Pengloan
11 mai 2023 - 6 minutes

Ça bouge dans le microcosme de l’assurance ! Et l’innovation aux multiples visages est encore au cœur des enjeux en 2023. Afin d’analyser les tendances de fond, nous faisons appel à l’œil de Florian Graillot et aux experts d’Astorya pour vous concocter un contenu désormais incontournable : « L’assurance en effervescence, le baromètre ! »

L’œil du VC Florian Graillot

Personne n’est à l’abri de la rigueur des temps ! Les insurtechs européennes n’échappent pas à la réalité économique et doivent aussi faire preuve de frugalité côté ressources humaines. Aujourd’hui, l’objectif principal consiste à passer 2023 en attendant des jours meilleurs.

Florian Graillot

Lemonade, Root, Next, Hippo, Policygenius, Corvus, Oscar… Dans la foulée des Big Tech, les insurtechs américaines les plus connues et avancées ont toutes eu recours à l’option licenciements l’année passée. Forcément, la question de savoir si l’Europe allait être ou non impactée s’est rapidement posée. Et lorsque Zego a annoncé avoir aussi appuyé sur le bouton rouge, on a compris que l’onde de choc avait traversé l’Atlantique.

Restait à déterminer la force de l’impact. Aux US, on constatait la tendance d’une réduction moyenne de 20% dans les effectifs. Depuis quelques mois, le mouvement s’est enclenché sur le Vieux Continent. On dispose d’un benchmark assez parlant avec un constat d’ensemble qui s’impose : les directions serrent clairement la vis sur le volet RH !

Regardons désormais un peu plus en détail. Statistiquement, un Zego ou d’autres startups en mal de financement ont sabré entre 20 et 30% de leur base salariée. On est ici directement dans la mouvance des grosses insurtechs US.

Par contre, d’autres affichent des coupes beaucoup moins drastiques. 6 licornes européennes sont ainsi sous la barre des 10% alors que d’autres startups demeurent très stables côté effectifs – celles qui ont levé récemment ou génèrent suffisamment de traction commerciale. Par contre, il est à noter qu’elles ont mis les recrutements sur pause pour le moment.

Qu’en conclure ? Investisseurs comme entrepreneurs sont lucides. La multiplication des bridges et les réductions d’effectifs / gel des embauches confirment le sentiment général. Dans un contexte économique toujours aussi incertain, les objectifs ont changé.

Pour les insurtechs, il faut dorénavant se rapprocher de la fameuse rentabilité et, surtout, gagner du temps. 6, 9, 12 mois sont à ce stade extrêmement précieux. Laisser passer la tempête en guettant une embellie l’année prochaine ? Cet épisode orageux pourrait aussi nettoyer le marché et laisser les moins résilients sur le carreau. Pour certains acteurs, c’est tout simplement l’heure de vérité qui approche !

La startup à suivre : wefox

On ne présente plus wefox, bien évidemment ! Insurtech européenne la mieux valorisée à plus 4 milliards d’euros, la pépite allemande déborde d’une ambition incarnée par son CEO, Julian Teicke. Ce dernier vient d’ailleurs de partager des chiffres inédits autour de son activité purement assurance, et ils doivent forcément nous interpeller.

On a notamment appris que wefox a émis près de 200 millions d’euros de primes brutes en 2022. Un montant loin d’être anecdotique, même si la majeure partie du CA de l’entreprise provient toujours des activités de courtage. Ce chiffre a plus que quadruplé en un an et c’est forcément encourageant pour la suite.

En parallèle, l’insurtech allemande a annoncé se (re)lancer sur l’embedded. Elle compte ainsi se diversifier en essayant de capter du business sur l’un des créneaux les plus attractifs du moment dans le secteur. Mais est-ce l’amorce d’un réel pivot stratégique pour une startup qui défend son modèle d’intermédiation par courtiers becs et ongles depuis le début ? Ou un coup de com’ destiné à détourner l’attention des critiques récentes ?

wefox avait en effet soulevé des questions en annonçant des licenciements fin 2022, avant d’opérer une levée de fonds assez énigmatique dans la foulée. Malgré sa solidité apparente, wefox doit aussi composer avec un contexte économique particulièrement difficile. Elle n’en demeure pas moins la plus emblématique des insurtechs du Vieux Continent. Raison de plus de suivre avec la plus grande attention sa trajectoire dans les mois à venir.

Le « game changer » : quand les plateformes prennent le pouvoir sur la partie assurance

L’une des principales conséquences de la révolution technologique ? Elle a ouvert les portes de l’assurance à de nouveaux entrants ! On parle des insurtechs, bien évidemment… mais pas que. En effet, le digital modifie profondément nos comportements et des acteurs non issus du sérail deviennent aujourd’hui légitimes pour nous fournir directement nos garanties et couvertures.

On pense notamment aux plateformes. Celles-ci ont bien saisi l’opportunité d’ajouter une ligne business à leur activité grâce à l’assurance. L’exemple récent d’Ornikar, qui peut être dorénavant considéré comme insurtech à part entière, est à ce titre emblématique. Il est donc naturellement intéressant de s’intéresser à leur mode de fonctionnement sur le volet assurance.

Si l’on prend les deux Français Ornikar et BlaBlaCar, on constate qu’ils ont au départ eu la même approche, logique : se tourner vers un gros acteur de la place. Au moment de chercher un porteur de risque, ils ont donc opté pour un choix évident avec AXA. Pourtant, l’idylle n’a pas duré.

Rapidement, les deux acteurs ont en effet cherché un partenaire capable de mieux répondre à leurs attentes. BlaBlaCar s’est ainsi rapproché de L’Olivier Assurances (l’offre est aujourd’hui désactivée) alors qu’Ornikar travaille main dans la main avec Wakam.

Qu’en conclure ? A mesure qu’elles structurent leurs équipes en interne et augmentent leur empreinte sur la chaîne de valeur, les plateformes vont se montrer de plus en plus sélectives et exigeantes envers le porteur de risque. Ce sont clairement elles qui détiennent le pouvoir.

L’assurance n’est finalement pour elles que de la tuyauterie, et elles veulent le meilleur. Pour un assureur, quelle que soit sa notoriété, remporter le premier contrat n’est ainsi pas gage de partenariat sur la durée. C’est aussi une énorme opportunité potentielle pour des acteurs moins connus qui auront clairement une carte à jouer s’ils parviennent à démontrer leur savoir-faire en la matière au cours des années à venir.

Les principales levées du mois dernier en Europe

Dans la continuité des derniers mois, les investisseurs se sont montrés particulièrement réservés en avril ! Au total, seulement trois deals recensés pour un total de 8 millions d’euros. Mais, cocorico, on constate que les trois opérations concernent des insurtechs françaises !

En premier lieu, on retrouve mySofie. La startup, qui se donne pour mission d’imposer une nouvelle vision et norme autour de la santé au quotidien, réalise une Série A de 4,2 millions d’euros. Pour ce tour, CNP Assurances a rejoint les investisseurs historiques, dont AG2R La Mondiale, CPMS ou les fondateurs de Digital Insure.

Korint est de son côté sortie du bois avec une jolie levée de 2 millions d’euros pour entamer l’aventure. Fondée par les anciens de Kooalys Jean-Baptiste Limare et Martin Gross, la jeune pousse a conçu une plateforme innovante qui permet de déployer et de gérer de nouveaux produits d’assurance, même les plus complexes. Une proposition tech for insurance clairement dans l’air du temps !

Enfin, Gedeon a également annoncé un deal de 2 millions d’euros. L’insurtech a élaboré une solution pour optimiser la gestion du plan d’épargne-retraite obligatoire en entreprise, adressant un enjeu évidemment fort du moment.

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