Eficiens x Astorya : L'assurance en effervescence, le baromètre ! - Edition février 2023

Eficiens x Astorya : L'assurance en effervescence, le baromètre ! - Edition février 2023

Alexandre Pengloan
Rédigé par Alexandre Pengloan
10 février 2023 - 5 minutes

Ça bouge dans le microcosme de l’assurance ! Et l’innovation aux multiples visages est encore au cœur des enjeux en 2023. Afin d’analyser les tendances de fond, nous faisons appel à l’œil de Florian Graillot et aux experts d’Astorya pour vous concocter un contenu désormais incontournable : « L’assurance en effervescence, le baromètre ! »

L’œil du VC Florian Graillot

Face à un marché gelé, quelles solutions pour les insurtechs ? Le bridge est un mécanisme privilégié par plusieurs d’entre elles en ce début d’année… et c’est un terme qui pourrait devenir l’un des mots forts de 2023 !

Voici un mot encore méconnu, mais qui pourrait bien résonner fort dans les mois à venir. On parle ici du brigde. Pour faire simple, il s’agit d’une opération de financement qui consiste à voir les investisseurs existants remettre au pot pour boucler une levée de fonds n’ayant pas attiré de nouveaux venus. Dans un contexte économique pour le moins tendu, voici une stratégie qui devrait permettre à plusieurs startups de prolonger l’aventure.

Un vrai mouvement semble d’ailleurs en train de s’enclencher. En effet, si les exemples étaient rares l’an dernier – on avait repéré l’insurtech estonienne Insly au mois de septembre, en Europe -, ils s’enchaînent en ce début d’année. Ainsi, Superscript, Toni Digital, hi.health et MoneyTrack ont tous eu recours à ce stratagème pour boucler leur dernier deal, annoncé en janvier. Soit 4 opérations sur les 7 dévoilées au total dans la sphère européenne.

Cette tendance vient confirmer que ce début 2023 s’inscrit complètement dans la continuité des six derniers mois. Échaudés par le contexte général, les investisseurs se montrent beaucoup plus prudents, voire frileux. L’insurtech en subit les conséquences, comme bien d’autres secteurs. En France, Luko ou Wakam ont, par exemple, renoncé à leur projet de levée de fonds.

Les startups doivent donc trouver des stratagèmes pour traverser cet hiver rigoureux. Se reposer sur les financeurs existants représente dans ce contexte une alternative tout à fait crédible. Pour poursuivre la croissance, ou, a minima, survivre et maintenir la valorisation de l’entreprise alors qu’une vague de M&A semble aussi en approche. Et si le bridge devenait, pour de nombreuses structures, le passage ouvrant une porte de sortie par le haut ?

La startup du mois : Getsafe

Briller hors de ses frontières ? Un sacré défi pour les insurtechs, et notamment celles positionnées sur le B2C. En France, on cherche encore un bon exemple de startup qui s’impose à l’étranger, à l’heure où un Alan annonce seulement 25 000 assurés en Belgique et évoque à peine l’Espagne, qui semble donc anecdotique. L’inverse est aussi vrai, avec des acteurs comme Lemonade ou FRIDAY qui se montrent discrets depuis leur arrivée dans l’Hexagone.

De l’autre côté du Rhin, une pépite affichant une dynamique bien différente, pourrait cependant bien devenir la première à craquer le code : Getsafe. Après avoir fait ses preuves sur le marché germanophone (Allemagne + Autriche), l’insurtech spécialisée dans le multi-produits, sorte de Lovys-like, s’est lancée au Royaume-Uni. Et la réussite est au rendez-vous, avec déjà 100 000 clients outre-Manche !

Aujourd’hui elle se lance en France avec Damien Birraux, ancien d’Ornikar, à la tête de cette division. Parviendra-t-elle à répliquer ce succès ? Au UK, Getsafe comblait un vide, dans un pays où les pionniers de l’insurtech se concentraient sur d’autres segments (ManyPets pour le Pet Insurance ou ByMiles sur l’auto). Dans nos contrées, la concurrence est bien plus rude.

Getsafe a précisé vouloir commencer par l’habitation, un territoire où se battent déjà les Luko, Leocare ou Lovys, en plus des acteurs traditionnels. Pari osé et impossible ? Peut-être pas ! L’insurtech allemande a sans doute bien calculé son coup, et pourrait nous réserver une surprise – en rachetant par exemple un concurrent ? On devrait quoi qu’il en soit en reparler dans les mois à venir !

Le « game changer » : demain, tous assureurs ? L’insurtech au service des nouveaux entrants, une nouvelle vague

La métamorphose d’Ornikar, orchestrée depuis plusieurs mois, ne vous a sans doute pas échappé. Après avoir révolutionné l’auto-école, l’entreprise souhaite aujourd’hui en faire de même avec l’assurance auto. Dans cette optique, la pensionnaire du Next40 s’est dotée de capitaux, a chamboulé son board en nommant un spécialiste de l’assurance au poste de CEO, et a jeté son dévolu sur des outils de pointe pour réussir sa transformation.

Ornikar a, en effet, récemment annoncé avoir choisi les solutions de Guidewire et Akur8 pour renforcer son arsenal. Cette stratégie doit nous interpeller et met à mal une idée reçue : celle que les gros acteurs tech sont incapables de faire de l’assurance. La donne semble en train de changer et ce sont les enablers de l’insurtech qui impulsent ce changement de paradigme.

Leur technologie arrive à maturité et leur notoriété croissante les rend de plus en plus en incontournables, au sein de l’écosystème assurance, évidemment, mais aussi au-delà. Après le temps des débuts où l’on opposait systématiquement les insurtechs aux assureurs traditionnels, et celui où les rapprochements sont devenus évidents, nous sommes peut-être au début d’une troisième vague. Celle qui verra les insurtechs venir appuyer et concrétiser les ambitions de nouveaux entrants dans le secteur.

Les principales levées du mois dernier en Europe

Sur la lignée de la fin 2022, le début d’année a été plutôt tranquille en Europe. Au total, 7 deals pour un total de 76 millions d’euros, dont plusieurs bridges, ainsi qu’on l’évoquait plus haut.

Superscript a joué les locomotives avec une Série B de 51 millions d’euros. La startup londonienne brille, il faut le dire, sur plusieurs terrains. Positionnée en tant que courtier digital pour les PME, elle a notamment signé des partenariats avec Amazon ou Virgin. En parallèle, elle profite de sa licence au Lloyd’s pour développer des produits sur des niches plus complexes, comme le cyber ou la crypto.

Sur le podium, on trouve l’insurtech suisse Toni Digital qui a aimanté 12 millions d’euros pour développer son offre B2B2C, et hi.health, startup autrichienne focalisée sur les remboursements de santé, qui a récolté 6 millions d’euros. Enfin, Boabab complète le palmarès du mois. La cyber insurtech allemande a réalisé une levée de 5 millions d’euros et confirme la dynamique de ce segment.