Insurtech Express #5 - 7 questions à Yoni Choukroun de Wirk

Insurtech Express #5 - 7 questions à Yoni Choukroun de Wirk

Emma Diedhiou
Rédigé par Emma Diedhiou
10 mars 2023 - 7 minutes

L’assurance manque de glamour. Les nombreuses tâches paperassières et chronophages incontournables n’y sont pas pour rien ! Pourtant, impossible de passer outre ce côté administratif au sein d’un secteur extrêmement réglementé. C’est donc là que la technologie peut changer la donne. Et si l’on parvenait à externaliser et automatiser toutes les tâches de back-office chez les assureurs ?

Partant de ce constat, les cofondateurs de Wirk, Daniel Benoilid et Michael Marzouk, ont décidé de s’attaquer à ce défi. Avec un store comprenant plus de 400 applications qui regroupent les meilleurs outils d’automatisation et d’externalisation, l’insurtech vient booster la productivité des organisations et rendre de l’autonomie aux collaborateurs.

Yoni Choukroun, responsable du développement commercial chez Wirk, a bien voulu se prêter avec enthousiasme au jeu de notre Insurtech Express.

👨‍🏫 Hello Yoni ! Chez Wirk, tu fais quoi ? Attention, il faut être clair comme si tu pitchais devant des élèves de CM2 !

Alors, si je devais expliquer à une ribambelle de paires d’yeux d’enfants ce que l’on fait chez Wirk… Je dirais que l’on accompagne les grandes entreprises, comme des banques, des assurances, en les aidant à automatiser le traitement des documents grâce à la technologie.

Parce qu’il faut savoir que ces entreprises reçoivent énormément de factures par courrier, de leurs clients. Certaines fois, ces papiers concernent des accidents, d’autres fois, une fuite dans la salle de bain. Et pour éviter à ces grandes entreprises de perdre du temps à traiter toutes ces demandes, et bien, on le fait à leur place !

Et oui, vous l’avez compris, Wirk vient décharger les adultes des tâches paperassières ! Grâce à un robot, qui est appelé communément l’intelligence artificielle, on vient automatiser ces demandes chronophages.

Donc les enfants, quand vous serez grands, si vous voulez ne pas passer beaucoup de temps à faire vos devoirs et les rendre plus simples, il faudra travailler avec Wirk !

🍾 Comment tout a commencé pour Wirk ? Sur les bancs de l’école, lors d’une soirée arrosée ?

Comme vous le savez, la startup, fondée en 2018, existait déjà avant que l’on ne se penche sur le prisme de l’assurance. On servait déjà plusieurs secteurs sur du traitement documentaire. Lorsque Daniel, l’un des cofondateurs, s’est penché sur l’éventualité d’adresser l’assurance, ce n’est pas une idée qu’il a eue lors d’un échange ou d’une soirée. Non, cette idée lui est venue dans un moment d’énervement.

Daniel a en effet constaté le chantier à mener lors de l’envoi de factures auprès de sa mutuelle pour des soins. Le délai comme la qualité de la réponse apportée étaient désastreux. Il s’est dit qu’il fallait trouver un moyen de simplifier ce processus, de le rendre plus fluide.

Il s’est alors mis en quête de développer un nouveau cas d’usage auprès de l’écosystème assurance qui soit à la fois utile sur les actes de gestion et sur l’intégralité des traitements documentaires.

Avec pour objectif de créer une solution qui fasse gagner en efficacité, en rapidité et en qualité de traitement, Wirk a revêtu sa seconde peau de facilitateur du quotidien pour les assureurs !

🔢 Si on ne devait retenir qu’un chiffre sur Wirk, lequel ? Le nombre de cafés écoulés depuis le début de l’aventure ?

Je dirais 100. Parce que c’est un chiffre symbolique. Nous avons le parti pris de traiter 100 % des demandes qui nous sont confiées, et dans leur intégralité.

On est une solution qui fonctionne à partir de l’intelligence artificielle, et il arrive parfois qu’elle présente ses limites. L’IA va être en mesure de traiter 75-80 % des problèmes. Il reste donc souvent 20-25 %, notamment quand il y a une rupture qui se crée lors de l’analyse et le traitement d’un document. Elle peut être due à des champs qui sont manuscrits, pas lisibles, etc.

On prend donc à cœur et à parti de ne pas s’arrêter à ses limites. Si on nous a confié 100 documents, on en restituera 100 dans une qualité qu’on espère la plus proche des 100 %.

Il s’agit du chiffre qui reflète réellement notre service !

En ce qui concerne le café… Alors on a deux cofondateurs, Daniel qui boit beaucoup de café et Michael qui n’en boit quasiment pas, il est plus thé. Si je dois calculer à peu près, ça serait en centaines de litres, car on n’utilise plus de capsules, mais un café moulu et bio. Mais bon, on ne va pas se mentir, la machine à café coule à flots chez nous !

💪 Bosser dans une insurtech, c’est un monde de défis. Le plus gros challenge que tu as eu à affronter dernièrement ? 

Quand on est une petite structure comme la nôtre, tout le monde est au four et au moulin ! Donc lorsqu’on commence à signer des contrats, des pilotes et des projets, c’est super, mais il faut savoir gérer sa croissance. C’est un défi de chaque instant !

Au début, on a peur de se planter, de ne pas vendre. Alors, lorsqu’on arrive à faire adhérer à son produit, à ses solutions, il faut être en mesure d’assurer derrière. C’est-à-dire qu’il faut être capable d’implémenter efficacement les solutions.

Et ça, c’est un défi au quotidien, car on propose un outil sur mesure à nos clients. Il faut donc avant tout savoir garder cet équilibre entre la partie développement commercial, et celle sur le management, l’accompagnement du client, pour être bien certain de délivrer notre promesse.

🧐 Si on parlait de demain. Dans 3 ans, Wirk, ce sera quoi ? Et dans 13 ans ?!

Sur les trois ans, on a deux axes de croissance. Le premier axe concerne les cas d’usage que l’on veut servir. On a déjà déployé des pilotes dans l’assurance santé, de personnes. Aujourd’hui, on souhaiterait se déployer davantage sur l’assurance de biens, en IARD, en MRH, sur du sinistre auto…

À cet effet, on participe à un maximum d’initiatives. On essaye également de nouer des partenariats, on pitche auprès des fédérations, des groupes d’intérêt, d’associations professionnelles, de cabinets de conseil, etc. Par exemple, Wirk est adhérent à Insurtech France et on a candidaté pour bénéficier de l’accompagnement de l’accélérateur French Assurtech.

Le deuxième axe est à moyen terme. Il s’agit d’une expansion géographique vers de nouveaux marchés. On explore les acteurs européens, internationaux. Il est vrai que le secteur de l’assurance est très réglementé et souvent spécifique aux législations nationales, mais sur le traitement documentaire, on a tout intérêt à exploiter ces nouveaux horizons.

En ce qui concerne les treize ans, le projet, le rêve est de devenir LA solution de référence qui permettra aux équipes et aux opérateurs dans les services d’assurance, de faire de la phobie administrative et des tâches chronophages un lointain souvenir.

Dans treize ans, on espère pouvoir dire que Wirk accompagne la quasi-totalité des acteurs du monde des mutuelles, des assurances, en soulageant le back-office.

🌀 Ça bouge beaucoup dans l’assurance. Une info qui t’a interpellée dernièrement ?

Les contrôles en matière de conformité, aujourd’hui, sont devenus la bête noire du secteur bancaire et de la bancassurance. Notamment sur la lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme. Les exemples des sanctions infligées par les autorités de contrôle, notamment l’ACPR, ces derniers mois, nous poussent à poursuivre dans cette voie.

Il y a un réel travail d’évangélisation et commercial à poursuivre sur le traitement automatique des contrôles de conformité auprès des bancassureurs, des sociétés de groupes mixtes d’assurance, des courtiers, des complémentaires. Ils représentent autant de prospects chez qui on pourrait déployer nos solutions, autour des questions de la lourde réglementation qui est imposée aujourd’hui aux assureurs.

😋 Question bonus (et ça restera entre nous 😜). Raconte-nous une anecdote dont tu n’as jamais osé parler sur les réseaux.

À vrai dire, j’en ai effectivement une, et elle parle de nos débuts. On n’était encore « personne » dans ce royaume que représente l’assurance lorsque j’ai commencé à pitcher auprès de fédérations d’assureurs ou de mutualistes, mais aussi auprès de groupes d’intérêt. Et c’est cette ferveur à présenter notre solution qui nous a permis de nous retrouver dans le Forum des Innovations à Niort sans sponsor. On avait réussi à rentrer par « l’entrée des artistes », et non la grande porte !

Dans la même veine, on a réussi à aller à l’Insurtech Insights à Londres. Comme il s’agit d’un des événements les plus gros du secteur, il est très coûteux. J’ai donc décidé de lancer une bouteille à la mer en contactant Insurtech France, qui ne nous connaissait pas. On a alors eu le droit à une adhésion spéciale jeune pousse et ils nous ont permis de participer à cette grand-messe de l’innovation dans le secteur. C’était une formidable opportunité pour nous !

Ces deux anecdotes sont la preuve qu’il faut savoir parfois sortir des sentiers battus et créer son propre chemin. Il faut croire en son étoile, en son projet, aller frapper aux portes et surtout ne pas se résigner !