"Un bon dessin vaut mieux qu'une longue explication" - Itw exclusive de Steve Saez, DG de Réflexe Accident

Emma Diedhiou
Rédigé par Emma Diedhiou
28 octobre 2022 - 7 minutes

La technologie évolue, nous rapprochant un peu plus du rêve d’enfant de conduire des voitures volantes. Si pour l’instant, nous ne sommes pas à ce stade, l’innovation progresse vite et l’assurance doit pouvoir suivre. Dans le but de couvrir ce monde qui avance à un rythme endiablé, ce secteur qui a toujours fonctionné – et fonctionne largement encore ! – avec la paperasse administrative à n’en plus finir, doit aussi se digitaliser. 

Afin de combler les manques des gros groupes, de nombreuses insurtechs viennent aujourd’hui proposer leurs solutions. Elles viennent rendre le parcours client plus appréciable en le simplifiant, à travers des produits innovants. Parmi elles, il y a Réflexe Accident, qui s’est donnée l’objectif de faciliter la vie des assurés comme des assureurs auto, grâce à son produit novateur : Izzy Constat. Le DG, Steve Saez, nous raconte comment leur solution permet d’alléger la réalisation d’un constat à l’amiable, tâche qui vire bien souvent au casse-tête, pour les assurés comme les assureurs.

Bonjour Steve. Tout d’abord, peux-tu nous révéler les coulisses de la création d’Izzy Constat ? 

Steve Saez : Dans un premier temps, on a sorti une solution qui s’appelait Vérif Constat. C’était un moyen de vérifier le constat et de dire aux parties prenantes leur taux de responsabilité, mais ça ne permettait pas de faciliter la réalisation du constat à l’amiable. Ce sont les gestionnaires de flottes qui nous ont signalé qu’ils étaient confrontés à la mauvaise rédaction des constats auto.

J’y ai donc pensé pas mal de temps, et à un moment donné, j’ai eu le déclic. J’étais avec ma petite un samedi soir et j’ai tout de suite visualisé le déroulé. Je me suis dit que le meilleur moyen d’expliquer un constat à l’amiable était de passer par le croquis. On dit toujours qu’un bon dessin vaut mieux qu’une longue explication, non ? 

J’ai eu tellement peur d’oublier quelque chose que je me suis précipité sur mon email et j’ai envoyé à mon associé, Benjamin Labonne, tout le descriptif. 

Alors, Réflexe Accident, c’est quoi ?

Un outil pour accompagner dès le moment de l’accident

Votre solution est-elle fin prête ? 

Sur le principe, c’est un outil qui est amené à évoluer. Aujourd’hui, on est à 90 / 95 % des cas réels d’accidents que l’on peut retrouver. Sachant qu’il y a un certain nombre de cas exotiques, à la marge, qui vont se présenter à nous et qu’il faudra intégrer au fur et à mesure. D’où l’intérêt de travailler avec les assurances. Elles ont énormément de volume, on pourrait intégrer tous ces cas à la marge de façon plus rapide. Afin d’avoir un outil exhaustif d’ici trois, quatre ans. 

Pour le financement, on va chercher un système d’abonnement pour les flottes et une comptabilisation au nombre de constats produits pour les sociétés d’assurance. Pour les particuliers, ça sera gratuit.

Comment fonctionne Izzy Constat ? 

Quand on est en condition d’accident, on a besoin d’aide, d’être assisté, accompagner tout de suite au moment de l’accident. On s’est dit qu’il fallait un outil conversationnel, un chatbot. Un outil qui interagit avec vous, qui va vous poser des questions pour caractériser le type d’accident. Pour l’utiliser, il faut toutefois vous mettre d’accord avec la partie adverse. 

La suite est plutôt simple. Selon vos réponses, le chatbot sélectionne plusieurs croquis qui correspondent à l’accident et les proposent. Il aura également coché les bonnes cases automatiquement et écrit le commentaire. Ça se termine simplement par une signature électronique que les deux parties doivent remplir. 

Ce n’est pas considéré comme de la fraude de ne pas passer par son assurance ? 

Non, c’est tout à fait légal. Il faut se rendre compte que c’est la voix légale de base. Dans le Code des assurances, la possibilité de vous retourner directement contre l’assurance du responsable de l’accident est notifiée. Elle a même été entérinée et définitivement validée par la Cour de cassation. Elle indique, que vous n’avez absolument aucune obligation de déclarer un sinistre non responsable, dès lors que ça ne fait pas jouer la garantie de votre assurance, à votre assureur. 

« Simplifier la gestion de sinistre pour les assurances en le faisant quasiment de façon automatique »

Est-ce qu’il y a pas encore aujourd’hui un problème au niveau de la communication, de la pédagogie et de la transparence de l’assureur envers l’assuré ? 

Oui tout à fait. C’est un héritage des années 60 / 70 ou l’assurance était très paperassière, très administrative. Dans les compagnies d’assurance d’ailleurs, il y a un autre souci : les systèmes d’information de sinistralité sont très anciens. Il est très difficile de les remettre à jour, parce qu’il y a beaucoup d’interconnections avec d’autres bases de données. Donc c’est lourd, c’est ancien. 

Avec Izzy Constat, on sait que l’on peut simplifier la gestion de sinistre pour les assurances en le faisant quasiment de façon automatique. 

Il y aura encore des choses à faire, on y réfléchit. Après Izzy Constat par exemple un Izzy Contrat. Je ne peux pas vous en dire trop, puisque ce n’est pas encore assez avancé. Mais nous sommes en train de commencer à développer des idées. Pour faciliter la vie de l’assuré pour savoir en temps réel comment il est garanti et avec quelles limites. Mais aussi lui dire, s’il n’est pas garanti pour tel événement et lui proposer de le mettre en relation directe avec son conseiller assurantiel habituel afin de combler ce trou dans la raquette. 

La digitalisation de l’assurance sur la bonne voie ?

« 90% des assureurs ont montré leur intérêt ! »

Vous parlez de lutter « contre les fausses idées dans l’assurance ». Le secteur a-t-il failli ? Si oui, où ? 

Alors là, on est plus sur la branche recours direct. Il y a un certain nombre de choses, du fait de l’application de la convention IRSA. Elle présente beaucoup d’avantages pour les assurés, parce que le traitement est plus rapide, on gagne en productivité, les dommages de la victime sont pris en charge directement… 

C’est une solution qui a vraiment fait progresser l’indemnisation d’assurance en France. Par contre, il y a quelques effets à la marge, qui peuvent être un peu pervers et que tout le monde ignore. Comme par exemple, lorsqu’on n’est pas responsable de l’accident, mais que l’on dépasse le montant forfaitaire de la convention IRSA, qui s’élève à 1500 €, on coûte de l’argent à son propre assureur.

Si vous vous faites endommager le rétroviseur, et que la réparation est estimée à 300 €, votre assureur va assumer ce coût. Il va payer la facture auprès du carrossier et aura le droit de réclamer son forfait auprès de l’assurance du responsable de l’accident. Dans ce cas-là, tout va bien, c’est même rentable pour votre assurance. Par contre, autre cas de figure, vous vous faites complétement emboutir sur le côté droit, il y en a pour 3 000 € de frais de carrosserie, l’assurance va payer le carrossier et comme pour le rétroviseur, elle n’aura droit qu’à ce forfait de 1 500 €. Ici, votre assureur perd de l’argent. 

Comment est perçu Izzy Constat par les assureurs ? Quelles sont vos relations avec eux ? 

On a été très agréablement surpris, car effectivement, on a reçu un accueil très favorable. Je dirais que 90 % des assureurs ont montré leur intérêt. 

Et puis, surtout, on a écouté leurs doléances, leurs remarques. Des choses auxquelles on n’avait pas forcément pensé. Des ajouts, des améliorations… Par exemple, on nous a fait penser à ceux qui utilisent des nouveaux véhicules de mobilités, vélos électriques, trottinettes électriques, etc., et au fait qu’ils n’ont certainement pas de constat auto papier dans leurs poches de jean. Ils nous ont poussé à développer une version Izzy Constat à leur destination. 

Ça a été un échange, et puis ça nous a permis aussi de voir ce qui était vraiment intéressant pour eux. 

Votre lien avec les insurtechs ?

L’idéal pour vous ça serait de câbler votre solution dans le parcours assureur ? 

Tout à fait, ils nous ont clairement posé la question : est-ce que ça peut être intégré à nos espaces client ? Est-ce qu’on peut avoir des solutions d’envoi directement de SMS du lien de votre chatbox ?

Ils nous ont poussés à nous poser tout un tas de questions. À essayer de voir avec nos développeurs informatiques si c’est possible de faire une intégration maximale, afin que leurs assurés ait un minimum à rentrer dans Izzy Constat. 

Comment avez-vous construit votre notoriété ? 

Les salons nous ont boostés, VivaTech, Inside IARD, INNN également. On se rend compte qu’on fait un véritable décollage en matière de notoriété, de prise de contact avec les sociétés d’assurance.

En ce qui concerne les particulier c’est surtout à travers les réseaux sociaux. Ils servent à faire connaître notre outil, le populariser. Pour ce qui est des professionnels, les flottes d’entreprises ou les assurances, c’est plus du contact direct lors de salons.

L’insurtech Réflexe Accident compte bien créer un nouveau standard afin que l’usage du constat papier disparaisse. C’est une vision ambitieuse qui se fera dans le temps, avec pédagogie et transparence. Avec un objectif bien clair en tête : faciliter la vie des assurances comme des assurés.